Philippe Cohen Solal (Gotan Project) Paradis Artificiel(s)

Philippe Cohen Solal, fondateur du label Ya Basta et du groupe Gotan Project, fut dès le début des années 1990 aux avant-postes de la musique électronique. Il compose ici la bande-son du Club des Hachichins, référence à une société secrète initiée par le docteur Jacques-Joseph Moreau, qui réunit de 1844 à 1849 en son sein Charles Baudelaire, Théophile Gautier, Honoré Daumier, Eugène Delacroix, Gustave Flaubert, Alexandre Dumas, Gérard de Nerval et Honoré de Balzac. Ils se retrouvaient lors de fêtes hallucinées pour déguster le « Dawamesk », confiture de hachich accompagnée de café turc, et expérimenter les paradis artificiels.
Marc Damblé (aka Babylotion/La Dame Blanche) et Florent Cortesi (aka LazyFlow), à la production pour tisser
un tapis de douces ondulations de fréquences (bass, trap, electro), un canevas soyeux qui fleure bon le post-modernisme
des années 1990. « ... ce disque n’est ni plus ni moins qu’un album de nostalgie paradoxale. »
Comme un trip pop en francais, japonais, anglais, propice à la rêverie sonore, elle offre l’espace d’une salutaire pause en
ces temps qui pressent de toutes parts. « J’aime le mélange des genres et des instruments, la collision des cultures et
des styles. En fait, je n’ai ni tabous ni frontières. ». Solal ose prendre le micro, récitant tel un chantre de ces instants «
chanvrés ». Il y donne une relecture toute personnelle de certains textes de Gautier – « Le Club des Hachichins » – et
de passages des « Fleurs du Mal » de Baudelairedont « l’Invitation au Voyage et A celle qui est trop gaie »
Résonnent aussi, par touches délicates, les notes du sitariste aveugle Narendra Bataju, septuagénaire disciple de Ravi
Shankar, comme celles de l’accordéoniste Daniel Mille, le guitariste suédois Peter von Poehl le oudiste marocain
Yacir Rami. Maïa Barouhdialogue ainsi avec la soprano palestino-japonaise Mariam Tamari. D’autres voix Alice
Lewis, Amelia Teale, Edie Blanchard, et eSamito. A l’image de la pochette de l’album signée par le Chicagoan
Carlos Rolón, connu des fans de street art sous le nom Dzine: l’œuvre Gild the Lily, Decadence Upon Decadence IX
dépeint une floraison de couleurs au fort parfum hallucinogène. « J’aimerais que ce soit la bande-son d’un début de
fête, de party, de fiesta… Comme les fameuses fantasia du Club des Hachichins. Une fête créative, où se rencontrent
musique, littérature et psychotropes, comme dans un rêve ! »